PROJET BOUQUIN TOILES ET TEXTES

TEXTES DE EDOUARD THALINGER ALIAS HUITRE ESSENTIELLE

LEOTARD OU JE T'AIME

Fragrances de terre repue
bacchanale de cigales
anesthésiée de soleil
poussière d'odeurs crues
venant lécher le ciel
le vent se tord et propose
des palettes de poussières
des ondes de souvenirs
Solitude et rancoeurs
exhalent derrière les persiennes
un ferment de peur
Une hymne à la haine
traversant le mur rempart
abîme sans horizon
odeurs et bruits composent
un monde de contrefaçons
Le temps a passé
loin des envies des regards
lentement se fane
la femme en désespoir
les seules couleurs qu'elles osent deviner
sont celles du vent
qu'on ne peut enfermer
Derrière les volets
toujours fermés
passe la vie
en ombre striée
posée là
par un homme au nom vide
la fleur fanée
derrière les murs épais
a renoncée au soleil
à jamais
L'âme enfin explore
l'autre côté du décor
découvre les blessures du mur
ses lézards ses fissures
maintenant
heureuse comme une enfant
elle a tout le temps
de caresser du regard
l'extérieur du miroir...
lentement elle s'accouple
avec son nouvel amant...
... le vent...

PICASSO-PREVERT
Le baiser du lierre

J'ai pris entre mes mains ensanglantées
ces pauvres mots tout chauds
dont certains bougeaient encore
mes cheveux en tornades
aggripaient comme ils le pouvaient
les couleurs arc-en-ciel
échappées des toiles du maître
Tout ce petit monde se blotissait
comme il le pouvait
hagards et effarés
palpitant sur ma paume
qui pleurait de les voir
ainsi vidés et perdus
rabougris par l'épreuve du temps...
Lentement avec un petit pinceau de soir
et dans le soleil qui hurlait sa tristesse
par petites touches
j'enlevais de ci
une petite médiocrité
de là une grosse croûte de haine
pour le mensonge et la lâcheté
La rosée du matin
m'a un peu aidé
doucement je les sentais renaitre
retrouver des couleurs du sens
L' harmonie enfouie
sous la tristesse du temps passé
regardait le monde vide
vêtu d'acier et d'égo sans mémoire
lentement comme des rescapés
qui vont affronter le noir
et sans que je ne puisse rien prévoir
sur les murs ils se jetèrent
pour graver à jamais
Picasso et Prévert.

EAULLOCYNOGENE

Yellow sombre marine

Des orchidées plein les seins
des renoncules autour des reins
Je vole dans le minuscule
lèche les pattes des tarentules
J'ai planté là mon stylo
drôle de forme dans ton cerveau
joli trou à particule
dans lequel j'enfonce mon pédoncule
c'était pour de rire
toi qui aime tant les délires
dans ton sang se moove
des notes de musique groove
quelques kangourous asthmatiques
prennent l'ascenseur électrique
fais gaffe au camion de pompiers
derrière ton oreille perchée
comme tout est insignifiant
dans cette vie qui s'écroule doucement
Je savais que t'étais un marrant
mais là comme plombier t'es épatant
J'ai eu raison de te buter
J'vais pouvoir tout goûter
Comme disait mon ami le Robi NEZ
J'suis vraiment épaté.

REZ-DE-CHAUSSEE UNDERGROUND
La passante du sans-sushi

Odeur d'urine et de fiel
Tes seins lentement s'éveillent
comme une blessure dans l'arc-en-ciel
l'aube pourpre coule de tes flancs
comme un fleuve trop longtemps
arrimée au désespoir
du chagrin rivé à la terre noire
tu t'éveilles et tu gueules
une peur noire tapissée de honte
ta tête prise sous une meule
tu griffes et tu grondes
pyramide obscène d'abysse renouvelé
coupures sans thème
dans ton esprit décharné
bout de rue et bout de vie
jamais tu n'auras assez grandi
tu voulais juste grimper à l'étage
changer d'existence t'approcher des nuages
tu restes au ras du sol
perdant ta vie
tu restes au ras du sol
fleur fanée courbée dans la lie.

DESACCORD
Une valse à trépas

Classique
comme une note de détresse
accrochée
sur le rebord de tes fesses
Syncopée
ou devant le carroussel
du peloton d'exécution
Tes croches sauvages
font avancer dans les défilés
à la baguette ou au pas
des gammes d'esclaves désenchantés
et leurs rois à la noix
Dans les soirées de défoncés
petits cuirs et croix gammées
bonjour les fêlés
salut les kékés
c'est toujours toi
qui continue d'électrifier
tous ces corps désenchantés
en contre rut et au synthé
Parmi les fachos
comme une madonne
fourrée d'extasie et de méthadonne
En farandole
ou en procession
au son de l'orgue
ou du clairon
ça swingue derrière l'autel
et les anars
sauce haricot ou bien homard
tu bouffes à tous les plats
te ressers avec les doigts
Je ne sais pas si c'est normal
d'être de toutes les fêtes
surtout quand ça va de la musette
à la mitraillette
sans artifice
clinquante
comme une gaine de pute
ou pleine
à l'aura des couilles vaticanes
tu hantes le beau monde
les condamnés mort
ou les mariés à ressorts
mais tu ne sonnes pas
de la même façon
selon que résonne
l'orgue ou le clairon
C'est un peu pervers
d'être universelle à ce point
mais c'est tellement naturel
d'être humain
musique... label putain !

CARPE DIEM
Plutôt que de...

Sentir le goût inégalé
D'une journée de farniente
Sentir que l'on sent
Des choses impalpables
Sentir que l'on est
Là, juste bien...
Sentir que l'on a le temps
De ne rien faire
Sentir que le luxe est là
Dans la brindille qui tombe
Et qui tourne et que l'oeil accroche
PARCE QU'IL A LE TEMPS
Et que la terre est belle
Et que l'on est des cons
A s'occuper tout le temps
de chaque carillon
A régenter les pauses
A se bouffer le sang
Et à avoir peur de l'imprévu
Et de l'heure
Toute nue...
Sans artifice
Sans garde fou
Elle se tient devant nous
Nous effraie
et fait... BOUUUUUHHH !!!
Sentir...

TAG OEIL
L'homme reflet

La vie s'écoule comme une larme
prisonnière du reflet
déformant et sans âme
du regard vide des passants
prisme de miroir hagard
d'où s'évapore
des essences d'inutiles
des routes sans vie
et sans reflet
des volutes de futiles
où jamais je n'apparais
sous les regards indifférents
parfois les êtres meurent
dans les yeux des passants
au fond d'un tiroir
papier jaunis et chiffres noirs
engoncés dans des dossiers
pauvres hères enluminés de poussières
ils vivent parfois
sans jamais exister
cryptés dans l'oubli.

NI DIEU NI DIEU
Raze Poutine

Des bouquets de fleurs rouges
germent dans ma tête
je me fonds dans ce bouge
spectre délicat
un peu esthète
esprit couleur muraille
bouillons de rancoeurs
au fond des tripes
petite soupe féconde
relevée d'idéaux noircis
sauce outretombe
je suis un monde qui n'est plus
un monde de canailles et sans vertu
je cultive des abysses de peine
aux aigreurs douces
matinées de relents de haine
monde parallèle
sans retour et sans contour
j'essaime en panoramique
des drones du mépris
j'empale en spectateur goguenard
des brochettes de jugements hystériques
sur mon doigt fuselé et vicelard
frétillent vos croyances pathétiques.